Je questionne la relativité et la subjectivité du temps. Celui que nous occupons dans l’espace qui nous est donné et la relation qui se crée entre l’observateur et le phénomène observé. Métaphores poétiques de la conception scientifique de l’univers, mes oeuvres questionnent la perception du réel.
J’expérimente le temps, ses effets sur la matière, ses effets sur le paysage réel, sur le paysage construit, le tout dans un milieu climatique spécifique. Mes oeuvres sont le produit direct d’une mise en scène dans l’espace et dans le temps. Au lieu de travailler sur l’objet, je travaille sur l’univers qui, avec le passage du temps et des conditions climatiques, crée l’objet. La lumière captée, la rencontre des points de vue, la collision aux points de jonction des images et ses réflexions reproduites dans un processus itératif composent un objet en soi, pour créer par invariance d’échelle une image fractale du paysage.
Mes oeuvres sont des jardins clos ou des univers qui se suffisent à eux-mêmes. Elles sont tantôt des oeuvres éphémères ou des paysages en mutation dont je conserve les empreintes, tantôt des œuvres soumises aux conditions climatiques et à l’érosion. Les métamorphoses se font jusqu’à épuisement des ressources pour ce qui est des mondes clos ou jusqu’à la fin d’un cycle déterminé pour ce qui est des œuvres installées à l’extérieur.
Ce rapport à l’espace occupé par les paysages inventés interagit pour jouer sur notre perception et proposer un autre rapport de distance, une autre expérience de perception. L’objectif est de faire en sorte que le paysage réel se confonde avec le paysage fabriqué. Que l’un devienne l’autre, qu’ils se rencontrent et se proposent comme un tout. Mon intention est de faire en sorte que les représentations ne correspondent pas tout à fait à la réalité, ou du moins, à une réalité mesurable. Elles correspondent à une incertaine réalité dévoilée sommairement, ou suggérée de façon indéterminée, une réalité sensible vaguement perceptible.