J’ai trouvé une forêt née de la mer du nord. Je l’ai déconstruite et reconstruite, je l’ai promenée,
je l’ai soumise aux intempéries dont elle n’était pas issue. Je l’ai photographiée, puis à la toute fin
ne pouvant l’emporter avec moi, je l’ai remise à la mer. Son sort en était jeté, elle devait repartir.
Plantée, repiquée abandonnée une nouvelle fois sur la plage, elle attendra la prochaine marée, se
laissera prendre, emportée au fond des eaux ou rejetée une nouvelle fois sur la plage parmi les
épaves de la mer du nord.
J’ai trouvé une forêt sur le quai de la gare, je n’y ai pas touché, je ne l’ai pas promené. Je l’ai
seulement fixé en soi, même si le souvenir n’avait pas besoin d’être imprimé. Je la revois partout,
je la revois toujours. Elle se rappelle à moi chaque fois que j’attends le train.